vendredi 27 novembre 2015

Kiné Nord - Lille "Bois blancs" - Kiné respiratoire du nourrisson: Utile ou pas dans la bronchiolite?

"- Bonjour Mr le kiné, mon médecin a prescrit des séances de kiné respiratoire pour mon fils de 15 mois qui a la bronchiolite, mais je croyais que ce n'était plus utile..."


S'il est vrai que chaque acte ne doit pas être pris à la légère, la réponse est très claire: OUI.


Pourquoi cette remise en cause de la kinésithérapie respiratoire ? 


Et bien "à cause" de cette étude parue en 2012, qui a fait beaucoup causé. http://www.cochrane.org/fr/CD004873/kinesitherapie-respiratoire-pour-la-bronchiolite-aigue-chez-les-enfants-ages-de-moins-de-deux-ans

Celle-ci, a été reprise dans tous les médias, jusqu'au JT nationaux, répétant au grand public que, finalement, la kiné respiratoire n'était peut-être pas si efficace, voire même néfaste.

Le problème étant que comme sur bon nombre de sujet, nous aimons écouter ce que nous voulons entendre...
Prenons par exemple, le fait de boire de l'eau, qui serait au final pas aussi important (http://jasn.asnjournals.org/content/19/6/1041.full), ou encore l'inefficacité et la dangerosité des étirements après le sport (http://preparationphysique.net/download/stretchingdebut.pdf)

S'il est intéressant de discuter et de réfléchir ces sujets, mon étonnement vient plutôt de notre capacité à trier les informations et garder celles qui nous arrangent.

Disons que si je sors une étude prouvant que le Nutella est bon pour la santé, il y a fort à parier qu'elle sera mieux intégrée par vous tous, que les centaines disant objectivement que c'est surtout efficace au développement de vos bourrelets... ;-)


La réponse des spécialistes de la kinésithérapie respiratoire


Pour revenir à l'étude de Cochrane, pour les professionnels et les intéressés, la réponse la plus pertinente est venue de Mr Guy Postiaux (http://www.webkine.be/admin/biblio/rep_800/fic_743.pdf), celui-ci rappelant entre autres que:

- "Les auteurs de la Cochrane, par ailleurs très compétents, sont des méthodologistes et des épidémiologistes et non des chercheurs en bronchiolite".
En d'autres termes, ils évaluent les études et ne sont pas des spécialistes du domaine.

- "La Cochrane ne différencie pas non plus les populations de malades inclus dans les études, or ceci est fondamental dans la mesure où la cause des échecs de la kinésithérapie réside dans son application au plus haut degré de sévérité qui contre-indique la kinésithérapie dont la prescription devrait être réservé aux degrés de moyenne et faible sévérité de la maladie."
C'est à dire qu'ils évaluent la kinésithérapie, là où, il y a un consensus pour ne pas en faire (dans les cas sévères)...

- "L’objectif de la kinésithérapie n’est pas de traiter la bronchiolite en tant que telle mais s’adresse plutôt à « l’obstruction bronchique » et à ses signes cliniques, résultant de cette affection."
La bronchiolite est un virus, la kinésithérapie ne combat pas le virus!!! Elle permet d'en atténuer les symptômes... Et c'est déjà pas mal!



Pour synthétiser, il est essentiel que des études remettent sans cesse en question nos pratiques.
Mais des conférences de consensus avec de véritables experts ont lieu pour remettre à plat les choses quand cela est nécessaire.
La Haute Autorité de la Santé s'appuie sur celle de 2000 (http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/bronchio.pdf), où la place de la kinésithérapie est définie et encadrée.


Le problème réside finalement peut-être dans la diffusion des médias qui cherchent à buzzer sur tous les sujets, et dans notre incapacité parfois, à prendre du recul sur des thêmes que nous ne maitrisons pas.
Aller à contre-courant et d'autant plus puissant, car cela donne l'impression que l'on a réfléchit profondément à la chose...

Et bien non, de temps en temps, enfoncer une porte ouverte, ca fait du bien!

Car comme le dit Postiaux, "si pour les scientifiques, ces articles de presse n’ont qu’une valeur anecdotique, ils ont par contre des répercussions qui peuvent s’avérer dommageables auprès des prescripteurs, des thérapeutes et surtout des... petits malades."



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